L'ombre Commun pour les nuls.

1 mai 2014

En voila un que beaucoup de pêcheurs n'ont pas la chance de connaître. Loin d'être présent dans toutes les régions françaises et pêcheable principalement à la mouche ou aux appâts naturels, il n'est pas donné à tout le monde de pêcher facilement ce salmonidé. A l'approche de l'ouverture de sa pêche, la saison des amours est logiquement terminée pour l'ombre commun. Bien que peu de frayères aient été observées depuis le mois de mars, nous allons maintenant pouvoir nous rendre au bord de l'eau dans le but de faire monter quelques thymallus sur nos imitations. De quoi donner un peu plus de piment à nos sorties, car si nous ne devions compter que sur les truites "les vraies" nos saisons sur l'Huisne en 2ème catégorie seraient un peu trop calme certains jours. Il y a de jolies truites qui atteignent quelques fois plus de 50 centimètres, mais elles sont trop rares à mon goût. Que serait donc l'Huisne sans ses ombres ? Je ne préfère pas le savoir et profiter au maximum des journées d'arrachage de "touffes" que peuvent déclencher ses insectivores au comportement souvent étrange. Il y a le comportement de cet ombre qui se fera berner dix fois en dix jours et celui de son petit frère qui n'acceptera pas de monter tant que nous aurons pas passé une à une l'ensemble de nos mouches. Je pense aux coups du soir les pieds dans l'eau à tenter de leurrer les ombres qui gobent autour de moi, parfois même à un mètre de mes cuissardes sans parvenir à toucher le moindre poisson. Une situation dans laquelle on remet tout en question et qui devient assez agaçante sur le moment, mais qui se comble le lendemain quand les mêmes conditions sont réunies et que chaque passage de notre imitation est la bonne... Voila pourquoi j'aime ce poisson ! Parce qu'il a le pouvoir de tout remettre en question quand on pense avoir tout compris.

L'ombre commun fait effectivement partie des nombreux poissons insectivores, se nourrissant des insectes aquatiques à tous les stades de leur évolution. Que ce soit larvaire, nymphale et adulte ailé, mais également d'insectes terrestres étant tombés sur la rivière par accident et de petits crustacés. Ce qui offre donc la possibilité de pêcher l'ombre en utilisant les différentes techniques de pêche au fouet avec une multitude d'imitations. N'étant pas un très grand monteur, j'utilise des mouches assez simples de confection, mais qui se sont presque toujours montrées efficaces sur l'Huisne. A savoir qu'une plume de faisan, quelques plumes de CDC et un peu de dubing de lièvre suffiront à la confection d'une série de nymphes ou de mouches de surface. Déclinez celles-ci en plusieurs tailles, par exemple sur hameçons de 14 16 et 18 pour être ni trop gros ni trop petit, ce qui évitera de trop fatiguer nos partenaires sur des pointes trop fines. Vous obtiendrez ainsi une petite collection efficace en toute simplicité, pour celui qui comme moi préfère passer plus de temps au bord de l'eau que sur l'étau. Mais on sait aussi que les couleurs rosées, violacées et autres, donnent de bons résultats. Ce qui permet d'agrandir nos collections en montant des mouches un peu plus farfelues, qui font souvent la différences devant la fantaisie des ombres.

En exemple: ces émèrgentes très simples et rapides à réaliser, avec 3 fibres de faisan jaune pour les cerques qui sont ensuite enroulées sur l'hameçon par spires espacées, pour former le corps. Enrouler ensuite une pincée de dubing de lièvre pour former un thorax et fixer ensuite une ou deux plumes de CDC pour former les ailes. Ce type de mouche est en général efficace si vous adaptez les couleurs et les tailles en fonction des insectes du moment. Elles flottent bas dans la pellicule de l'eau et feront monter les ombres tant qu'ils ne sont pas atablés sur des emergences en H24.

Je vous propose ensuite toujours pour sa simplicité et sa rapidité de montage, une nymphe que chaque pêcheur devrait avoir dans sa boite. Une sorte de pheasant tail classic créée par Mr Frank Sawyer, fusionnée avec la cuivre de Nicolas Germain. C'est une petite nymphe qui plait beaucoup aux ombres de l'Huisne, elle représente à elle seule plusieurs familles d'insectes. Elle ne demande que 3 ou 4 fibres de faisan qui sont ensuite enroulées par spires jointives pour former le corp qui est ensuite cerclé par un fil de cuivre qui viendra former un fin thorax, fixé par un noeud final. Cette imitation est efficace toute l'année et si les ombres que vous convoitez n'ont pas encore goutés ma nymphe, peut être que vous aurez la chance de vérifier son attractivité. Voici donc deux styles de mouche que j'utilise à longueur d'années en adaptant comme je le disais précédemment, les tailles et coloris en fonction du moment où je pêche. Seules les tailles et couleurs changent au fil des mois, mais la silhouette reste la même, et m'offre de belles pêches quand les ombres sont joueurs.

A ma connaissance, l'ombre commun est présent sur l'Huisne de sa source jusqu'à la Ferté Bernard (72) en passant par Nogent le Rotrou (28) mais commence à se raréfier au Theil sur Huisne (61). J'en profite pour rappeler que la pêche de l'ombre sur les parcours de la Nogentaise, sur les rivières l'Huisne et la Cloche, est en no kill intégral et que tout ombre capturé devra donc obligatoirement être remis à l'eau dans les meilleures conditions. L'huisne est bien peuplée en ombres communs, et si vous évitez les périodes d'eau trop trouble et trop haute, ainsi que les jours de vents, vous verrez sûrement quelques gobages à proximité des nombreux radiers. A vous d'avoir la dérive parfaite, car dans la majeure partie des cas, le moindre dragage est synonyme d'échec et vous serez contraint de changer d'imitation pour espérer tromper les plus beaux ombres. L'ombre observant longuement l'imitation avant de décoller du fond pour venir s'en saisir, vous devrez pêcher deux mètres au dessus du gobage convoité. Préferez donc de longues pointes. Cela ne veut pas dire non plus que la dérive parfaite vous fera prendre tous les poissons en activité. C'est ici qu'entre en jeux les mystères de la pêche de l'ombre à la mouche. Cette traque qui se termine un jour pleine de théories confirmées par une journée de pêche réussie, qui sont dans bien des cas l'aboutissement de plusieurs heures d'observations et d'apprentissage, et qui se retrouve bien souvent démenties dés le lendemain...

En espérent que ces quelques lignes vous aporterons quelques belles émotions cette saison si vous débutez dans la pêche de l'ombre à la mouche. Je vous souhaite donc de profiter au maximum des sensations qui vous seront offertes par ce poisson qui est un magnifique partenaire de jeu, si vous parvenez à le leurrer. Nous sommes de plus en plus de pêcheur pour de moins en moins de poissons. Chaque espèce mérite notre attention et a bien évidemment son rôle à jouer dans la bonne santé de nos cours d'eau. Bien que toutes les espèces ne montent pas s'alimenter en surface, elles restent toutes accessibles à la mouche, et pourront donc vous offrir à défaut de salmonidés, les émotions que vous recherchez, et ainsi vous éviter la bredouille et l'ennui...