Retour aux sources

24 mai 2014

Les conditions météorologiques de ce mois de mai sont loin d'être les meilleures pour espérer faire de belles pêches à la mouche sur ma rivière préférée. Les eaux étant assez hautes et encore trop piquées pour réussir une belle journée, un retour aux sources s'imposait...

Le moment est donc venu de ressortir ma vieille canne à pêche au toc, et d'aller fouiner dans les plus petits ruisseaux. Petits ruisseaux qui bien souvent sont mis de coté, car trop difficiles à pêcher. C'est donc ses petits coins reculés, épargnés de tout alevinage qui occuperont ma journée. J'ai souvent eu la bonne surprise dans ses ruisseaux de moins d'un mètre de large, de rencontrer des truites de plus de 50 centimètres. C'est donc l'objectif de la journée...

Je remonte ma vieille canne et mon moulin équipé de son vieux fil cassant, une boite d'hameçon à crant, ma pince pour écraser les ardillons et j'ai tout ce qu'il me faut. J'enfile tout de même ma paire de cuissardes et je vous emmène, c'est parti...!

Ce genre de petits ruisseaux est vraiment difficile à prospecter à la mouche, peut être en sèches lors d'éclosions mais très difficile en nymphes car plein d'obstacles, branches arbres, ronces et autres racines. Je prends plus de plaisir à les pêcher au toc, l'approche et la technique étant différentes. Plusieurs dizaines de mètres sont parfois recouverts de végétations et donc impêchable, ce qui constitue une sorte de réserve naturelle permanente. Le seul moyen de se rendre compte du peuplement de ces secteurs et de s'amuser un peu, est de laisser le courant y descendre un vers de terre. Sur une ligne non lesté car le fond varie de 50 à 10 centimètres, le lestage ferait plonger votre appât sur le fond et serait donc inefficace, le but étant de dériver sur plusieurs mètres de ruisseau dans 25 centimètres d'eau en moyenne.

Sur le secteur le plus bas du ruisseau du jour, l'eau est encore haute et trouble, c'est souvent dans ces conditions que l'on rencontre les plus belles truites sauvages. Mais pour le moment ce ne sont que de petites truites, on dirait que les belles ne sont pas de sortie, ou alors elles sont déjà bien gavées et rentrées. Inutile de vous préciser que ces poissons sont retournés dans leur ruisseau.

Celle-ci est un peu plus jolie que ses petites soeurs, mais n'est toujours pas à la hauteur de mes attentes. je ne les ai pas toutes photografiées afin de les relacher au plus vite. Bien que je prenne évidemment du plaisir à prendre ces jolies petites truites sauvages dans ce magnifique petit ruisseau, j'aimerais quand même toucher des poissons un peu plus gros, je me console en me disant qu'avec toutes ces petites truites, la relève est assurée... Je décide donc de remonter le ruisseau bien plus haut, en espèrent y trouver des eaux plus claires et des truites logiquement plus affamées. On y trouve très peu de secteurs pêchables mais j'en garde un très bon souvenir de pêche avec mon père il y a une dizaine d'années. Une jolie sauvage d'une cinquantaine de centimètres lui laissant penser ce jour là que l'élève commençait peut être à dépasser le maître...

Quelques photos au passage, prises le long du chemin pour le plaisir des yeux.

Me voila donc arrivé sur un secteur bien plus reculé, où comme je le pensais, l'eau y est un peu plus limpide. Il y a beaucoup de secteurs courants de dix centimètres de profondeur. Très peu de caches, mais des secteurs très propices à la reproduction. C'est ici que remonte de belles truites pendant l'hiver afin de profiter des frayères et d'une eau pure, avant de redescendre dans les secteurs plus larges et plus profonds. Mais certaines de ces truites restent dans le peu de caches que l'on peut y trouver. Pourquoi nombre d'entre elles ne redescendent-elles pas comme la majeure partie de leurs congénères? Je l'ignore, mais il y en a belle et bien une qui reste ici ou là. Parfois cachée sous une racine ou sous la rive dans quelques centimètres d'eau, dans des veines où la moindre source de nourriture dérivera dans la gueule de la truite dans un minimum d'effort.

Mais ce sont toujours de petits poissons qui s'interressent à mes vers, je commence à penser que je ne suis plus le seul à venir rendre visite à mon petit coin secret...

Jusqu'à cette jolie truite, bien loin des cinquante centimètres visés pour la journée, mais bien plus grosse que toutes les autres pêchées depuis ce matin. Elle était postée dans le seul secteur profond sur cette portion du ruisseau. Environ quarante centimètres de profondeur sur une longueur de trois ou quatre mètres. Laissant libre pousse à de jolis herbiers à travers lesquels la veine d'eau principale se fraye un chemin large de vingt centimètres.

Mon fil s'était donc stoppé en plein milieu de la dérive, j'ai d'abord cru à une branche ou autre, bien que ce poste semblait promettre quelque chose. J'ai donc tendu délicatement ma ligne afin d'identifier l'origine de cet arrêt. j'ai tout d'abord eu la sensation d'être réellement accroché à des ronces, avant de recevoir une bonne décharge dans le bras, déjà bien plus agressive et bien plus lourde que les précédentes. Le ferrage fut instantané, et fit sortir la belle du fond. Accrocher des poissons de plus de trente centimètres dans ce genre de petits ruisseaux procure de belles sensations, tant les obstacles sont nombreux. Ils donnent aux poissons toutes chances de se décrocher ou de briser la ligne. Ce plaisir est à mon goût bien plus grand que celui procuré par la capture d'une truite de 3 kilos en réservoir. Et il le devient d'avantage quand on lui rend sa liberté...

Quelques photos souvenirs avant que cette jolie truite sauvage rejoigne sa niche. Je la recroiserais peut être l'an prochain car la prochaine sortie aura lieu sur un autre petit ruisseau afin d'éviter de trop déranger les demoiselles. Ruisseau qui comme celui-ci, restera secret pour mon plaisir et pour le bien des truites. A la prochaine ma belle, moi je dois maintenant rebrousser chemin sur plusieurs kilomètres à travers champs boueux, hautes herbes, empruntes de vaches, bois encombré et autres tas de ronces, repasser par dessus plusieurs barbelés. Bref, avec toute cette marche et ces jolies truites, je devrais bien dormir ce soir...