Désastres en cascade : Les grands barrages de la banque mondiale.
Paru dans la revue "The Ecologist" en octobre 2013. L'équipe a fait le point sur les 65 dernières années et quelques 600 projets de barrages financés par la banque mondiale, un total de 100 milliards de dollars de dégradations de l'environnement, de corruption, déplacement de 10 millions de personnes et des centaines de millions d'autres affectées. Il me semble important de partager avec vous l'ampleur des dégâts passés et de ceux qui reste à venir.
1950 : Le barrage de Kariba financé par la banque mondiale, le premier sur le Zambèze, a laissé 58 000 personnes en Zambie et au Zimbabwe dans la misère. Il a dégradé de façon irréparable un habitat naturel intact et a endommagé le delta du zambèze. Aujourd'hui, la banque envisage deux autres barrages sur le Zambèze.
1974 : Alors que le réservoir du barrage Tarbela financé par la banque mondiale au Pakistan se remplissait, une série de défaillances techniquesont fait peser un grave risque de brèche. Les travaux réalisés pour réparer et stabiliser le barrage ont alors presque doublé le coût initial du projet. Aujourd'hui, la banque envisage de construire des barrages dans l'Himalaya qui présenteraient des risques et des surcoûts équivalents.
1978 : La banque mondiale a travaillé avec la dictature militaire du Gwatemala pour construire le barrage de Chixoy. 400 indigènes ont été massacrés pour faire place nette. Les survivants n'ont toujours pas reçu d'indemnisations.
1979 : Le soutien de la banque mondiale pour le barrage Yacyrta sur le fleuve Parana est à l'origine de ce qui a été appelé depuis un "monument de corruption". Le coût du projet s'est accru de 2,5 milliards à 15 milliars de dollars, la corruption enflant chaque pan du projet. Cet immense réservoir a déplacé 40 000 personnes et innondé un environnement unique.
1994 : Sous la pression d'une campagne internationnale? la banque mondiale abandonna son projet de barrage Sardar Sarovar dans la vallée du Narmada pour lequel 240 000 personnes avaient été déplacées.
1995 : Au Népal, la banque mondiale a annulé son soutien au projet Arun III de 1 milliard de dollars, qui n'a donc pas été réalisé. ce projet avait suscité l'opposition des ingenieurs locaux et des déffenseurs des projets à plus petite échelle. Apres cet épisode, la banque mondiale a réduit son implication dans les projets de barrages pendant une petite décennie.
2000 : La commission mondiale sur les barrages mise en place par la banque mondiale et l'UICN déclare : "Dans bien trop de cas, le prix écologique et social à payer pour garantir les bénéfices des barrages a été inacceptable et non nécessaire."
2003 : Ignorant les recommandations de commissions mondiale sur les barrages, la banque mondiale a décidé de financer à nouveau des grands barrages conformément à ce qu'elle appelle une stratégie à hauts riques et à hauts rendement. Sur la décennie suivante, la banque finance 20 barrages pour la plupart de taille moyenne.
2005 : Le premier projet de barrage de la stratégie hauts risques/ hauts rendement de Nam Theun II au Laos a décimé les pêcheries locales, réduit l'apport en eau potable, érodé les rives fertiles dont 120 000 personnes tirent leur subsistance. Plus de 6 300 indigènes ont été déplacés. ce barrage a entraîné déforestation et perte de biodiversité avec des bénéfices aux élites du Laos.
2012 : Même si elle a retiré son soutien au barrage Gibe III en Ethiopie, la banque mondiale choisit de financer le projet de lignes à haute tension qui permettra à l'Ethiopie de vendre son électricité aux pays voisins.
2013 : Tres grands barrages. la banque mondiale décide de limiter son financement au projets de charbon et opte pour des prêts aux très grands barrages. Elle fait du projet de barrage Inga III sur le fleuve congo un symbole de la nouvelle génération des très grands barrages.
Je souhaite également partager avec vous la lutte actuellement menée par le chef Raoni contre le complexe de barrages du Belo Monte construit au mépris des droit de l'homme. Il va inonder 668 km2 dont 400 km2 de forêt primaire en territoires autochtones. 20 000 personnes vont être déplacées et au moins 24 peuples vont subir un changement de mode de vie lié à la raréfaction de leurs ressources vivrières. Il ouvre la voie à de nouvelles atteintes au poumon vert de notre planète.
Le site du chef Raoni planète Amazone ==> le site
Pour aider le chef Raoni dans cette lutte vous pouvez signer cette pétition ==> Pétition contre le Belo Monte